Thursday, May 9

SOURCE DES TUERIES A L’EST DE LA RDC Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo

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Note aux lecteurs: Les informations ci-dessous sont tirées de l’AFDL, de la première guerre et de la deuxième guerre.

L’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), ou parfois Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre, était une coalition de dissidents à Mobutu Sese Seko et de groupes ethniques minoritaires congolais qui, emmenés par Laurent-Désiré Kabila prirent le pouvoir au terme de la première guerre du Congo (1996-1997). Bien que l’alliance ait réussi à évincer Mobutu du pouvoir, elle ne survécut pas aux tensions entre Kabila et ses anciens alliés, l’Ouganda et le Rwanda, ce qui amena au déclenchement de la deuxième guerre du Congo le 2 août 1998.

I        Première guerre du Congo

La première guerre du Congo est un conflit intervenu de fin 1996 à 1997, au terme duquel le président zaïrois Mobutu Sese Seko est chassé du pouvoir par les rebelles soutenus par des États étrangers, notamment le Rwanda, l’Angola et l’Ouganda. Le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila devient président et change le nom du pays en république démocratique du Congo. La guerre se traduit par le début des massacres pour la population et pose les jalons de la Deuxième guerre du Congo qui s’ensuit rapidement.

1. Origines

1.1. Situation politique zaïroise

Mobutu dirige le Zaïre à partir de 1965 avec l’aide des États-Unis, qui le considèrent comme un rempart contre les leaders communistes ou nationalistes, tel le nationaliste et non communiste Patrice Lumumba, assassiné en 1961.

Au début des années 1990, avec le discours de La Baule, la perestroïka et la chute du mur de Berlin, une vague de démocratisation gagne l’Afrique. Il y a d’importantes pressions internes et externes pour une telle démocratisation au Zaïre, et Mobutu promet des réformes. Il abolit officiellement en 1991 le régime du parti unique en vigueur depuis 1967, mais se montre peu enclin à mettre en œuvre les réformes promises, s’aliénant nombre de ses alliés traditionnels, au Zaïre comme à l’extérieur.

Il y avait une longue tradition de révoltes contre le pouvoir de Mobutu. L’opposition était notamment le fait d’hommes de gauche, se réclamant de l’héritage de Patrice Lumumba, et de personnalités issues de diverses minorités ethniques et régionales opposées à la mainmise de Kinshasa sur le reste du pays. Kabila était l’un d’eux, étant à la fois originaire du Katanga, province traditionnellement opposée au gouvernement de Mobutu, et lumumbiste.

1.2. Relations entre le Zaïre et le Rwanda

Le génocide des Tutsi au Rwanda déclenche l’exode d’environ 2 millions de réfugiés rwandais, principalement Hutus, après que le Front Patriotique Rwandais s’est emparé du pouvoir en juillet 1994. Parmi les réfugiés se trouvent notamment des membres des milices dont celle des Interahamwe, impliquée dans le génocide. Au printemps 1996, les miliciens hutu Interahamwe réfugiés au Zaïre chassent de la région des milliers de Banyamulenge, nom d’une ethnie d’origine rwandaise vivant au Zaïre mais désignant en fait toute personne assimilée aux Tutsi. Les exilés rwandais souhaitent lancer des raids sur le Rwanda. L’armée patriotique rwandaise (APR) souhaite se débarrasser de cette menace et rapatrier de force les réfugiés Hutu.

2. Déroulement de la guerre

2.1. Conquête du Kivu

À partir du début de 1996, des infiltrations des soldats de l’APR sont signalées dans la région, tandis que des milices Banyamulenge se constituent contre les Hutu rwandais et le pouvoir zaïrois. Dans ce contexte de tensions croissantes, le vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu ordonne le 8 octobre 1996 aux Banyamulenge de quitter le Zaïre sous peine de mort. Deux jours plus tôt, des Banyamulenge soutenus par l’APR avaient attaqué la ville de Lemera et massacré les blessés de l’hôpital de la ville. Le 14 octobre, une importante colonne rwando-Banyamulenge pénètre au Zaïre en passant par le Burundi, cherchant à envahir le Sud-Kivu. Le 18 octobre est fondée l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Zaïre (AFDL), par un accord entre Déogratias Bugera (sv)André Kisase NganduAnselme Masasu Nindanga et Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier est nommé porte-parole de l’Alliance.

Le 25 octobre, la ville d’Uvira, chef-lieu de la chefferie-collectivité du peuple Bavira, est prise, puis Bukavu, capitale du Sud-Kivu, tombe le 29 octobre.

2.2. Offensive vers le centre du Zaïre

Le président Mobutu sous-estime Kabila et considère que ce dernier va se contenter de piller les ressources minières de l’est zaïrois. Souffrant d’un cancer de la prostate qui l’épuise et l’oblige à aller régulièrement dans les hôpitaux français ou suisses, le « maréchal du Zaïre » ne peut gérer les opérations militaires. Il fait appel à Mahele Lieko Bokungu, un des rares généraux compétents de l’armée zaïroise, et le nomme chef d’état-major en décembre 1996. Il recrute également trente mercenaires francophones, puis une centaine de serbes de Bosnie, la légion blanche. Malgré ces efforts, la troisième ville du Congo, Kisangani, est prise par les rebelles le 15 mars 1997.

La progression des forces rebelles a été facilitée par le délabrement des infrastructures, rendant l’armée de Mobutu pratiquement incapable de se déplacer : les routes n’existent plus, les avions manquent de carburant, les hélicoptères de combat achetés à grands frais ne sont pas dotés de cartes du pays, etc. Au contraire, l’armée rebelle, moins équipée et plus motivée, était moins handicapée par cette situation. En outre, le régime s’était déconsidéré auprès d’une grande partie de la population en raison de sa corruption et de sa brutalité ; beaucoup de soldats attendaient eux aussi le changement et ne se souciaient plus guère de défendre un régime discrédité qui omettait de leur verser leur solde

2.3. Prise du Shaba

L’alliance s’empare de Mbujimayi, capitale du Kasaï-Oriental, le 5 avril 1997Lubumbashi, seconde ville du pays et capitale du Shaba (Katanga), est prise le 8 avril 1997. La conquête de ces deux villes enrichit la rébellion. Mbujimayi, siège de la société minière de Bakwanga, est célèbre pour ses diamants, comme l’est Lubumbashi pour les ressources minières du Shaba. Après avoir fait payer les hommes d’affaires locaux, Kabila signe le 16 avril 1997 un contrat avec l’America Mineral Fields (en) qui gère les mines de Lubumbashi. Les représentants de De Beers, de Goldman Sachs et de First Bank of Boston (en) visitent à leur tour le leader rebelle.

La ville de Lubumbashi devient la capitale de facto des rebelles où Kabila peut recevoir Cynthia McKinney, membre de la chambre des représentants des États-Unis. De nombreux jeunes rejoignent l’armée rebelle, diminuant la proportion de « Tutsi » dans l’Alliance et lui évitant de passer pour une armée étrangère. Certains des volontaires ne sont alors âgés que de 7 ans et cherchent à s’engager malgré leurs parents.

2.4. Effondrement des dernières résistances pro-Mobutu

Fin avril 1997, un corps expéditionnaire angolais entre au Zaïre et prend Tshikapa au Kasaï-Occidental et Kikwit dans la province du Bandundu. La dernière résistance des mobutistes a lieu lors de la bataille de Kenge, sur la route de Kinshasa. L’UNITA et la DSP bloquent une semaine la progression de l’AFDL, malgré le renfort des Angolais. Les rebelles avancent vers la capitale par d’autres routes, notamment Mbandaka dans la province de l’Équateur. Mobutu rejoint Gbadolite le 16 mai 1997 et l’AFDL entre à Kinshasa le 17 mai sans combats. Mobutu part le 18 mai vers Lomé au Togo et ses anciens soldats, abandonnés, pillent Gbadolite pendant 5 jours. Kabila prend officiellement le pouvoir le 20 mai 1997, et rebaptise le Zaïre République démocratique du Congo. Mobutu, quant à lui, rejoint le Maroc le 23 mai et y meurt en exil le 7 septembre 1997.

3. Massacres des réfugiés Hutus

La progression des forces de l’AFDL, aidées par l’Armée patriotique rwandaise, se traduisit par de nombreux massacres et exactions à l’encontre des réfugiés Hutus. En 1997, une mission de l’ONU conduite par Roberto Garretón, déclare le 11 juillet 1997 que les massacres des réfugiés semblent mériter la qualification de « crime contre l’humanité » et même peut-être de « génocide », cependant, ses conclusions sont gênées par l’obstruction de l’AFDL à l’enquête de la mission onusienne.

Le 8 octobre 1997, Human Rights Watch et la Fédération internationale des droits de l’homme affirment détenir « la preuve matérielle irréfutable » de massacres perpétrés dans l’est de l’ex-Zaïre par l’AFDL de Kabila et le FPR-APR, alliés rwandais.

Une seconde enquête de l’ONU, menée par la Commission des droits de l’homme des Nations unies, a rendu un rapport en juillet 1997, afin de se prononcer sur la qualification de génocide. La question n’est pas tranchée, mais parmi les méthodes de l’AFDL, le rapport mentionne notamment : « les massacres délibérés et prémédités, la dispersion des réfugiés dans des zones inaccessibles et inhospitalières, le blocage systématique de l’aide humanitaire, le refus obstiné opposé jusqu’ici à toute tentative de mener une enquête impartiale et objective sur les très graves allégations reçues, sont autant d’éléments particulièrement troublants. » Il est également noté que des massacres sont également imputables aux autres belligérants, mais de manière bien moindre : « ces violations du droit international humanitaire auraient été principalement commises par l’AFDL, les Banyamulenges et leurs alliés (68,02 % des allégations reçues). En outre, elles auraient également été commises par les FAZ (16,75 % des allégations reçues), par les ex FAR et les Interahamwe (9,64 % des allégations reçues), par l’APR (2,03 % des allégations reçues), par les FAB (2,03 % des allégations reçues) et par des mercenaires (1,52 % des allégations reçues) qui luttaient aux côtés de Kinshasa. »

En novembre 1998, Laurent-Désiré Kabila reconnaît l’existence de massacres, mais en attribue la paternité à son allié de l’époque, le Rwanda de Paul Kagame.

Cette accusation envers les autorités rwandaises du FPR a été reprise par Rony BraumanStephen Smith et Claudine Vidal (africaniste chargée de recherche au CNRS) coauteurs en 2000 d’un article selon lequel « au Congo-Kinshasa, le FPR a non seulement démantelé manu militari des camps d’exilés hutus, qui constituaient effectivement une menace existentielle, mais il a aussi persécuté, sur deux mille kilomètres à travers la forêt équatoriale, des civils dont près de 200 000 ont péri, victimes d’inanition, de maladies ou des « unités spéciales » lancées à leur poursuite depuis Kigali ».

4. Épilogue

Une fois Laurent-Désiré Kabila installé au pouvoir, la situation changea dramatiquement. Laurent-Désiré Kabila devint rapidement aussi suspect de corruption et d’autoritarisme que son prédécesseur. Nombre des forces pro-démocrates l’abandonnèrent et il s’attela à un vigoureux effort de centralisation, ce qui alimenta le conflit avec les minorités de l’Est, qui réclamaient davantage d’autonomie. En août 1998, tous les membres d’origine Tutsi se retirèrent du gouvernement lorsque Laurent-Désiré Kabila demanda aux mercenaires rwandais et ougandais de rentrer chez eux. En effet, l’alliance de Laurent-Désiré Kabila avec les Rwandais pour un contrôle militaire et politique le faisait déjà appeler « marionnette de Kigali » par les forces pro-démocratiques congolaises. Ceci poussa Kabila à se retourner contre ses ex-alliés rwandais et ougandais. C’est dans ce contexte qu’éclata la deuxième guerre du Congo.

II       Deuxième guerre du Congo

La deuxième guerre du Congo est un conflit armé qui se déroule sur le territoire de la république démocratique du Congo (RDC, anciennement Zaïre) de 1998 à 2002, avec une fin formelle le 30 juin 2003. Elle impliqua neuf pays africains, et une trentaine de groupes armés, ce qui en fait la plus grande guerre entre États dans l’histoire de l’Afrique contemporaine. Elle est aussi surnommée la « grande guerre africaine » ou encore la « (première) guerre mondiale africaine ». Elle est aussi nommée « deuxième guerre de libération nationale ».

Ce conflit a engendré de nombreux viols et massacres et entraîné, selon les sources, le décès de 183 000 personnes selon des démographes européens à environ 4 à 4,5 millions de personnes principalement de famine et de maladies selon un rapport de l’International Rescue Committee. Des millions d’autres ont été déplacées de leurs terres ou ont trouvé refuge dans les pays voisins.

Le conflit se poursuit dans le Nord-Kivu (voir Guerre du Kivu).

1. Contexte et origines de la guerre

1.1. Première guerre du Congo

Le conflit en république démocratique du Congo trouve ses origines dans le génocide des Tutsi au Rwanda de 1994 ainsi que les événements liés au Burundi, qui virent des centaines de milliers de personnes d’origine ethnique Hutu fuir ces deux pays pour l’est du Zaïre.

Deux explications, non exclusives l’une de l’autre, sont données à la présence militaire rwandaise dans la partie orientale du Zaïre et à l’entrée en guerre du Rwanda aux côtés de l’Ouganda.

Selon le gouvernement de Kigali, les camps de réfugiés hutus formés après le génocide tombèrent sous le contrôle des milices hutu Interahamwe, auxquelles appartenaient nombre de génocidaires, et aidés par les membres hutu de l’ancienne armée rwandaise, ils planifiaient de reprendre le pouvoir par la force.

Selon d’autres acteurs, la présence de troupes rwandaises en RDC était motivée par le projet de piller les ressources minières dans la région. Ceci est confirmé par un rapport de l’ONU demandé par le Conseil de sécurité qui indique, à partir des interviews menées par le groupe d’experts, que l’armée rwandaise est restée essentiellement pour se procurer des biens. Le rapport décrit également la stratégie des groupes armés présents dans la zone pour piller les ressources du sous-sol à leur profit, dans un contexte de massacres et de viols.

La nouvelle armée rwandaise, l’Armée patriotique rwandaise (APR), dominée par les Tutsis commença à armer les Tutsi Banyamulenge de l’Est du Zaïre. Cette intervention fut dénoncée par le gouvernement du Zaïre du président Mobutu Sese Seko. Le Rwanda et l’Ouganda commencèrent à livrer des armes et à financer l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila.

1.2. Changement d’alliance

Quand Laurent-Désiré Kabila prend le contrôle de la capitale en mai 1997, il doit faire face à de nombreux obstacles pour gouverner le pays qu’il renomma « République démocratique du Congo » (RDC). En coulisse, de nombreux groupes tentaient d’accaparer des parcelles de pouvoir, notamment les débiteurs étrangers, désireux de garder leur influence. Par ailleurs, la présence ostensible des Rwandais dans la capitale irrita les Congolais, qui commençaient à voir Kabila comme le jouet de puissances étrangères.

Les tensions entre le nouveau pouvoir et le Rwanda atteignent leur paroxysme le 14 juillet 1998, quand Kabila limoge son chef de cabinet rwandais, James Kabarebe, et le remplace par un Congolais. Il semble que Kabila sentit avoir suffisamment assuré son assise congolaise, pour mettre quelque distance avec les nations qui lui avaient permis d’accéder au pouvoir.

Deux semaines plus tard, Kabila abandonna ces démarches diplomatiques. Il remercia le Rwanda pour son aide, et demanda le retrait du pays des forces militaires rwandaises et ougandaises. Les conseillers militaires rwandais furent évacués de Kinshasa en 24 heures sans ménagement. À Kinshasa, après une campagne médiatique anti-tutsi mise en place par les autorités, des centaines de Tutsis furent lynchés.

Les personnes les plus inquiètes de cette décision étaient les Banyamulenge du Congo oriental. Ils étaient également utilisés par le Rwanda pour influer sur la politique orientale de la RDC. La tension persistante avec leurs voisins Hutus avait été l’un des facteurs déclenchant de la Première guerre du Congo et sera une nouvelle fois à l’origine de ce conflit.

2. Factions dans le conflit du Congo

Les nombreux groupes armés peuvent être rangés en quatre composantes principales. À cause de la nature ouverte de cette guerre, ces catégorisations sont sujettes à caution, les alliances ou les scissions ayant été nombreuses, les intérêts contradictoires et évoluant. D’autre part les catégories “hutu” et “tutsi” sont des facilités de catégorisations ethnistes issues de la colonisation, largement utilisées dans les médias et par les propagandes politiques.

Forces tutsi

Incluant les armées nationales des gouvernements dominés par les Tutsi au Rwanda et au Burundi, les milices créées par les populations tutsi banyamulenge de RDC et les forces du Rassemblement congolais pour la Démocratie basées à Goma, proches des Banyamulenge. Ces groupes tutsi sont essentiellement actifs au Nord et au Sud-Kivu, et en d’autres territoires centraux en direction de Kinshasa. Leurs buts sont de garantir la sécurité nationale du Rwanda et du Burundi (le Congo-Kinshasa refusant d’arrêter les anciens génocidaires hutu réfugiés sur son territoire), de protéger les Tutsis présents en République démocratique du Congo (RDC), de limiter l’influence grandissante de l’Ouganda dans la région, et enfin de faire mainmise sur les ressources naturelles du territoire de la RDC.

Forces hutu

Incluant les Hutu rwandais responsables du génocide de 1994, les rebelles burundais cherchant à renverser leur gouvernement, les Hutus congolais et les milices Mai-Mai associées. Le principal groupe hutu sont les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), opérant dans le Kivu. Ses objectifs sont d’expulser les forces tutsies étrangères et les Banyamulenge, et de renverser les gouvernements tutsi au pouvoir au Rwanda et au Burundi. Par ailleurs, le contrôle des ressources naturelles est ici aussi déterminant.

Forces alignées sur l’Ouganda

Incluant l’armée ougandaise et différents groupes rebelles soutenus par l’Ouganda, tels le Mouvement de Libération du Congo (MLC), qui contrôle essentiellement le nord de la république démocratique du Congo. Elles souhaitent sécuriser les frontières de l’Ouganda, empêcher l’émergence d’un état congolais fort, limiter l’influence du Rwanda dans la région, et bénéficier elles aussi des ressources naturelles congolaises.

Forces alignées sur Kinshasa

Incluant l’Armée nationale congolaise, différents groupes nationalistes Mai-Mai, et des nations alliées telles le Zimbabwe, l’Angola, le Tchad et la Namibie. Ils contrôlent l’ouest et le sud de la république démocratique du Congo. Leur but premier est la restauration de l’unité nationale, avec un contrôle sur les territoires et frontières, et la maîtrise des ressources naturelles.

La violence « ethnique » entre forces hutu et tutsi a été régulièrement au centre du conflit, avec une peur mutuelle d’élimination de son groupe. Les forces hutu et le gouvernement de Kinshasa ont établi des relations d’alliance et de proximité, leur intérêt commun étant l’expulsion des armées régulières et des groupes associés de l’Ouganda et du Rwanda. Alors que les forces de l’Ouganda et du Rwanda travaillaient ensemble pour la conquête de territoires aux dépens de Kinshasa, la compétition pour les ressources naturelles créa une fissure dans leur coalition. L’Ouganda permettrait à Kinshasa d’envoyer des armes au FDLR hutu via le territoire tenu par les alliés de l’Ouganda et l’Ouganda lui-même, les hutu et le gouvernement de Kinshasa cherchant tous, à des degrés divers, à contrôler l’influence du Rwanda et de ses alliés.

3. Nature du conflit

Cette guerre n’a pas été une guerre de grandes batailles et de lignes de fronts clairement définies. Si de nombreuses troupes régulières et entraînées ont été impliquées, les dirigeants de ces nations ont été réticents à impliquer leurs propres troupes en des combats ouverts. Les équipements et l’entraînement de ces armées nationales représentant un investissement important pour des États pauvres. La vaste zone du Congo fragmenta les groupes armés, et dès lors les unités régulières ont essentiellement été stationnées autour de points stratégiques, tels les ports et aéroports, les routes importantes, plutôt qu’en des zones de combat.

Ainsi, la guerre a essentiellement été le fait de groupes militaires peu organisés. Ces troupes peu entraînées et peu disciplinées ont été à l’origine de fréquents crimes de guerre. La paix est d’autant plus difficile à établir que ces milices continuent leurs exactions, en dépit des cessez-le-feu décrétés par leurs supérieurs.

L’essentiel du conflit s’est focalisé sur le contrôle des ressources naturelles du Congo. Les États des Grands Lacs ont payé leurs dépenses militaires en exploitant les minéraux, diamants et bois rares du Congo oriental. Les forces d’occupation ont levé d’importantes taxes sur la population et l’économie locale, et réquisitionné les stocks de vivres de la région.

Une compétition pour le contrôle des ressources entre les forces anti-Kabila est aussi apparue dans le conflit. En 1999, les troupes ougandaises et rwandaises s’affrontèrent dans la ville de Kisangani. Le RCD se scinda en deux factions, affaiblissant la coalition anti-Kabila et limitant désormais ses opérations à la partie orientale de la RDC.

4. Déroulement de la guerre

L’offensive rebelle initiale menaça le gouvernement Kabila pendant quelques semaines, qui ne fut sauvé que par l’intervention rapide de plusieurs autres États africains. Un moment, il sembla que l’on se dirigeait vers une guerre conventionnelle ouverte entre plusieurs nations sur le territoire de la RDC. Une telle issue fut évitée au moment où la ligne de front se stabilisa en 1999. Dès lors, le conflit fut le fait de forces militaires irrégulières, avec peu de modifications dans les territoires tenus par les uns et les autres.

4.1. Attaque des rebelles sur Kinshasa

Le 2 août 1998, les troupes de Banyamulenge basées à Goma se mutinèrent. Le Rwanda apporta une assistance immédiate aux Banyamulenge, et au début août, un groupe armé et organisé était constitué, le Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD), composé en premier de Banyamulenge et soutenu par le Rwanda et l’Ouganda. Ce groupe prit rapidement le contrôle des ressources minérales des provinces orientales du pays, et prit pour centre de ses opérations la ville de Goma. Le RCD prit également le contrôle des villes de Bukavu et Uvira au Kivu. Le gouvernement rwandais, constitué de Tutsis et allié avec l’Ouganda, et avec la bienveillance du Burundi, occupa une portion du nord-est du Congo. Pour contrer ces nouveaux occupants, le président Kabila en appela à l’aide des Hutus militant dans le Congo oriental et commença à monter les populations contre les Tutsis, ce qui occasionna de nombreux lynchages dans les rues de Kinshasa, le plus souvent par supplice du pneu. Le 12 août, un major loyal au gouvernement de Kinshasa lança un appel à la résistance sur une radio de Bunia.

Le gouvernement rwandais réclama par ailleurs une part significative de l’est du Congo, considérée comme « historiquement rwandais ». Les Rwandais prétendirent également que Kabila planifiait un génocide contre les Tutsis dans la région du Kivu. Des doutes subsistent quant à la réalité de cette menace contre les Banyamulenge, et à son utilisation par l’armée rwandaise comme prétexte à des aspirations territoriales. En un mouvement de contournement, les rebelles du RCD s’emparèrent d’un avion de ligne et atterrirent à la base gouvernementale sur la base de Kitona sur la côte Atlantique, où ils furent rejoints par des troupes gouvernementales mutinées. Plusieurs villes de l’est et aux alentours de Kitona tombèrent sous les coups du RCD, de l’Ouganda et du Rwanda. Les efforts de conciliation diplomatiques sont restés vains. Le 13 août, les rebelles avaient pris possession du complexe hydro-électrique d’Inga qui alimentait en électricité Kinshasa et le port de Matadi, et qui était à l’origine de l’essentiel de l’approvisionnement de la capitale en nourriture et hydrocarbures. Le centre diamantaire de Kisangani tomba aux mains de rebelles le 23 août et les forces en provenance de l’est commencèrent à menacer Kinshasa dès la fin août. L’Ouganda, qui s’abstenait de soutenir le RCD avec le Rwanda, créa également un groupe rebelle qu’il aida exclusivement, le Mouvement de Libération du Congo (MLC).

Malgré le déplacement des lignes de front, les combats continuèrent à travers le pays. Même quand les forces rebelles progressaient vers Kinshasa, les forces gouvernementales continuèrent à se battre pour le contrôle des villes de l’est du pays. Les militants Hutus avec qui Kabila nouait des alliances étaient toujours des forces d’importance dans l’est du pays.

4.2. Kabila gagne des alliés régionaux

L’offensive rebelle interrompit les efforts de Kabila qui commençaient à porter leurs fruits. Les premiers à répondre furent les membres de la Southern African Development Community (SADC). Bien qu’officiellement les membres de la SADC soient liés par un traité de défense mutuelle contre une agression extérieure, plusieurs d’entre eux prirent une position neutre dans le conflit. Cependant, la Namibie, le Zimbabwe et l’Angola apportèrent rapidement leur soutien au gouvernement Kabila après une rencontre dans la capitale du Zimbabwe, Harare, le 19 août.

Les motivations de ces pays étaient variables :

Angola

Pris dans une guerre civile de 25 ans contre les rebelles de l’UNITA, l’Angola désirait éliminer les bases UNITA du sud Congo, qui approvisionnaient la rébellion en échange de diamants angolais. C’est pour la même raison que l’Angola participa brièvement à la Première guerre du Congo pour évincer Mobutu du pouvoir. Le gouvernement angolais ne pensait pas qu’un nouveau président serait préférable à Kabila et craignait que l’instabilité au Congo ne profite à l’UNITA.

Zimbabwe

Le président Robert Mugabe était le plus ardent soutien de secours à Kabila, car il était intéressé par les richesses naturelles du Congo et souhaitait accroître son prestige et son influence en Afrique. Kabila et Mugabe avaient signé un contrat d’une valeur de 200 millions de dollars, concernant des entreprises détenues par Mugabe et sa famille. Divers contrats d’exploitation minière furent négociés en 1998 avec des compagnies sous contrôle de la famille Mugabe. Mugabe fut aussi considéré comme étant envoyé par le président Nelson Mandela, comme ambassadeur des intérêts de d’Afrique du Sud. La guerre était aussi une occasion d’être confronté à un autre président africain, Yoweri Museveni de l’Ouganda.

Namibie

Le président Sam Nujoma avait des intérêts au Congo similaires à ceux de Mugabe, avec des membres de sa famille actifs dans les mines congolaises. La Namibie elle-même n’avait que peu d’intérêts à défendre et l’intervention fut dénoncée par la population et les dirigeants de l’opposition.

Plusieurs autres nations se joignirent à Kabila dans ce conflit pour plusieurs raisons dans les semaines qui suivirent :

Tchad

Kabila avait tout d’abord escompté un soutien de l’Afrique francophone, mais après le sommet de Libreville, au Gabon, le 24 septembre, seul le Tchad décida d’envoyer un millier d’hommes. Pour la France, qui encouragea cette opération, il s’agissait de regagner son influence en Afrique centrale, perdue depuis le génocide des Tutsi au Rwanda de 1994.

Libye

Le gouvernement de Mouammar Kadhafi fournit des avions pour transporter des troupes du Tchad. Kadhafi aurait vu une occasion de profits financiers, mais aussi une façon de briser la situation d’isolement international imposée par les États-Unis après la destruction en 1988 du vol Pan Am 103 au-dessus de Lockerbie, en Écosse.

Soudan

En septembre, des rapports non confirmés indiquèrent que des forces du gouvernement soudanais combattaient les rebelles dans la Province orientale, à proximité des frontières soudanaise et ougandaise. Cependant, le Soudan n’a pas établi de présence durable et significative en République démocratique du Congo.

Une guerre sur plusieurs fronts fut déclenchée. En septembre 1998, les forces zimbabwéennes furent envoyées à Kinshasa pour contrer les attaques rebelles menaçant les abords de la ville, les rebelles ayant fait parvenir des forces du sud par les frontières de l’Angola et de l’ouest par l’enclave de Cabinda, contre les assiégeants rebelles. Cette intervention par plusieurs nations sauva le gouvernement de Kabila, qui repoussa loin de la capitale les lignes de front. Cependant, les forces rebelles ne furent pas défaites, et il y eut une confrontation directe avec les armées nationales d’Ouganda et du Rwanda.

En novembre 1998, un nouveau groupe soutenu par l’Ouganda, le Mouvement de Libération du Congo fit son apparition dans le nord du pays. Le 6 novembre, le président Paul Kagame admit pour la première fois que des forces militaires du Rwanda aidaient les rebelles en RDC pour des raisons de sécurité, apparemment à la suite d’une demande de Nelson Mandela de faire progresser les pourparlers de paix. Le 18 janvier 1999, le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola, la Namibie et le Zimbabwe décidèrent d’un cessez-le-feu au sommet de Windhoek, en Namibie, mais la République démocratique du Congo n’était pas invitée. Les combats continuèrent.

Hors d’Afrique, de nombreux états restèrent neutres et demandèrent l’arrêt des violences. Ces états étaient réticents à envoyer des troupes dans la région. De nombreuses compagnies minières et diamantaires occidentales, en particulier américainescanadiennes, et israéliennes, soutenaient le gouvernement Kabila en échange d’accords commerciaux. Ces actions leur valurent de nombreuses critiques des groupes de défense des droits de l’Homme.

4.3. Accord de paix de Lusaka

Le 5 avril 1999, les tensions entre le RCD à propos de la domination des Banyamulenge atteignit son paroxysme quand le leader du RCD Ernest Wamba dia Wamba déplaça son centre de commandement de Goma à Kisangani, zone contrôlée par l’Ouganda. Un autre signe de rupture apparut quand le président Museveni de l’Ouganda et Kabila signèrent un cessez-le-feu le 18 avril à Syrte, en Libye, après une médiation du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, et à laquelle et le RCD et le Rwanda refusèrent de prendre part. Le 16 mai, Wamba fut évincé de la direction du RCD en faveur d’une figure pro-Rwanda. Sept jours plus tard, les différentes factions du RCD s’affrontèrent pour le contrôle de Kisangani. Le 8 juin, les factions rebelles se rencontrèrent pour tenter d’établir un front commun contre Kabila.

Ces circonstances contribuèrent au premier cessez-le-feu de la guerre. En juillet 1999, l’accord de cessez-le-feu de Lusaka fut signé par les six pays belligérants, (République démocratique du Congo, Namibie, Angola, Zimbabwe, Rwanda, et Ouganda) et, le 1er août, le MLC. Le RCD refusa de signer. Selon cet accord, les forces des différentes parties, sous le contrôle d’une commission militaire conjointe, coopéreront au désarmement et au contrôle des groupes armés présents sur le territoire, et en particulier ceux identifiés comme étant à l’origine du génocide au Rwanda de 1994. Mais le désarmement de ces milices se fait attendre.

Le Conseil de sécurité des Nations unies ordonna le déploiement de 90 officiers de liaison en août 1999 pour assister le cessez-le-feu. Cependant, dans les mois qui suivirent, les uns et les autres s’accusèrent de violations régulières de la trêve. Le cessez-le-feu resta fragile.

La tension entre l’Ouganda et le Rwanda atteignit son point de rupture au début août quand des unités de l’Uganda Peoples Defense Force et l’Armée Patriotique du Rwanda s’affrontèrent à Kisangani. En novembre, la télévision gouvernementale de Kinshasa déclara que l’armée de Kabila avait été reconstruite et était prête à remplir sa « mission de libérer le pays ». Les forces rwandaises lancèrent une large offensive et s’approchèrent de Kinshasa avant d’être rappelées.

Le 30 novembre 1999, les Nations unies autorisèrent une force de 5 500 hommes, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour le Congo, plus connue sous son acronymeMONUC, à superviser le cessez-le-feu. Cependant, les combats continuèrent entre les rebelles et les forces gouvernementales, et entre les forces rwandaises et ougandaises, en particulier entre l’Ouganda et le Rwanda à Kisangani en mai et juin 2000 lors de la guerre des Six Jours. Le 9 août 2000, une offensive gouvernementale dans la Province de l’Équateur fut stoppée le long de la rivière Ubangui près de Libenge par les forces du MLC. Malgré l’échec des opérations militaires, les efforts diplomatiques bilatéraux ou à travers les Nations unies, l’Union africaine et la Communauté sud-africaine de développement échouèrent à faire évoluer les choses.

4.4. Assassinat de Kabila

En janvier 2001Laurent-Désiré Kabila fut assassiné par l’un de ses gardes du corps. Le commanditaire n’a pas pu être identifié, mais les alliés de Kabila étaient notoirement excédés de ses duplicités, et en particulier le retard pris dans l’application d’une feuille de route à propos de l’introduction d’une constitution démocratique conduisant à des élections libres. Les troupes angolaises étaient visibles à l’occasion du cortège de funérailles Kabila à Kinshasa. Cependant, la transition se fit facilement.

Par un vote unanime du Parlement congolais, son fils, Joseph Kabila, fut nommé président pour le remplacer. Ce fut dû largement à des efforts en coulisse de Robert Mugabe. En février, le nouveau président rencontra le président Rwandais Paul Kagame aux États-Unis. Le Rwanda, l’Ouganda et les rebelles s’accordèrent sur une médiation des Nations unies pour un plan pour la paix. L’Ouganda et le Rwanda commencèrent à retirer leurs troupes du territoire de la ligne de front.

En avril 2001, un groupe d’experts des Nations unies enquêta sur l’exploitation illégale de diamantscobaltcoltanor et d’autres ressources lucratives du Congo. Le rapport désigna le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe comme principaux pays exploitant les ressources congolaises, et recommanda la prise de sanctions par le Conseil de sécurité.

4.5. Accord nominal de paix

Différentes tentative de mettre fin au conflit furent faites, sans succès. En 2002, la situation se détériora au Rwanda. De nombreux membres du RCD arrêtèrent les combats ou décidèrent de se rallier au gouvernement de Kabila. De plus, les Banyamulenge se lassèrent de jour en jour de la tutelle de Kigali et de ce conflit ininterrompu. Certains d’entre eux se mutinèrent, ce qui conduisit à de violentes altercations entre eux et les forces rwandaises. Au même moment, le Congo oriental devint plus sûr sous le gouvernement de Joseph Kabila. L’aide internationale reprit au fur et à mesure que l’inflation fut de nouveau contrôlée.

L’accord de Sun City fut formalisé 19 avril en 2002. C’était un canevas pour établir au Congo un gouvernement unifié et multipartite, et des élections démocratiques. Cependant, il y eut des critiques quant au fait qu’il n’était pas fait mention de l’unification de l’armée, ce qui fragilisait l’accord. Malgré diverses violations constatées aux dispositions prévues, l’accord permit la fin des combats. Le 30 juillet 2002, le Rwanda et la république démocratique du Congo signèrent l’accord de Paix de Pretoria après cinq jours de discussions à Pretoria, en Afrique du Sud. Les pourparlers étaient centrés sur deux problèmes. L’un était le retrait d’environ 20 000 soldats rwandais du Congo. L’autre concernait les anciens soldats rwandais Hutus et le démantèlement de la milice extrémiste Interahamwe, qui prirent part au génocide de 1994 et qui continuaient d’être actifs au Congo oriental. Le Rwanda disposait d’environ 20 000 soldats au Congo et refusa de les retirer avant que les milices Hutu n’aient été neutralisées.

Signé le 6 septembre 2002, l’accord de Luanda formalisa la paix en république démocratique du Congo et l’Ouganda. Le traité établissait le retrait des troupes ougandaises de Bunia et l’amélioration des relations entre les deux pays, mais la mise en œuvre fut problématique. Onze jours plus tard, les premiers soldats rwandais se retirèrent de RDC. Le 5 octobre, le Rwanda annonça le retrait complet de ses troupes. La MONUC confirma le départ de plus de 20 000 soldats rwandais.

Le 21 octobre, les Nations unies publièrent un rapport de son panel d’experts sur le pillage des ressources naturelles au Congo par des groupes armés. Le Rwanda et l’Ouganda rejetèrent les accusations à leur encontre, selon lesquelles certains de leurs dirigeants politiques et militaires étaient impliqués dans des trafics illégaux de ces ressources.

Le 17 décembre 2002, les membres congolais du Dialogue Inter Congolais, à savoir : le Gouvernement national, le MLC, le RCD, le RCD-ML, le RCD-N, l’opposition politique locale, les représentants de la société civile et les Mai Mai, signèrent un accord de paix global. L’accord décrivait un plan pour une transition gouvernementale qui devait aboutir à des élections présidentielles et législatives dans les deux ans de la signature. Cet accord marqua la fin officielle de la Seconde guerre du Congo.

4.6. Fin de la guerre et Gouvernement de transition congolais

Trois groupes rebelles soutenus par l’Ouganda, le MLC, le RCD-N et le RCD-ML, signèrent un cessez-le-feu, l’Accord de Gbadolite, le 31 décembre2002. Ils devaient arrêter les combats dans le périmètre IsiroBafwasendeBeniWatsa, et à accepter la venue d’observateurs des Nations unies dans cette zone. L’accord comprenait également des garanties de liberté de mouvement des populations civiles et des organisations humanitaires.

Malgré la fin officielle des hostilités, des combats perdurèrent. Durant janvier et février 2003, la MONUC observa de nombreux mouvements de troupes, principalement entre l’Ouganda, le Rwanda et leurs zones d’occupation respectives. Le 1er mai 2003, l’Ouganda retira son armée régulière de Bunia et de l’Ituri en conformité avec l’accord de Luanda. Des combats intervinrent entre les Hema et les Lendu entre le 7 et le 16 mai à Bunia.

Le 30 juin 2003, la formation du Gouvernement de transition entérine officiellement la fin de la Deuxième Guerre du Congo. Suite voir Guerre du Kivu.

5. Effets sur la population

Le conflit a eu de nombreux effets, essentiellement négatifs. La guerre a détruit l’économie de cette région déjà appauvrie, les investisseurs s’étant éloignés, et les ressources ayant servi à alimenter la guerre plus qu’à développer les pays. Une grande partie des infrastructures, déjà moribondes, ont été détruites ou endommagées. La continuation et l’alimentation des tensions ethniques qui avaient déjà généré le génocide des Tutsi au Rwanda, ont rapidement accentué les divisions ethniques post-coloniales au Congo ce qui a entraîné cette guerre et ses conséquences.

Le viol des femmes a été utilisé comme moyen de terreur et de domination au cours du conflit. En octobre 2004, le groupe des droits de l’homme d’Amnesty International dénombra 40 000 cas de viol au cours des six années précédentes, la majorité d’entre eux s’étant produits au Sud-Kivu. Il s’agit d’un tableau incomplet, les organisations humanitaires et internationales n’ayant pas accès à nombre des zones de combat, et seules les femmes s’étant identifiées étant comptabilisées. Le nombre de femmes violées est généralement estimé comme étant bien supérieur. Toutes les forces présentes dans le conflit ont été coupables de viols, bien que les milices et plusieurs groupes d’armées non régulières soient les plus coupables. Médicalement, un nombre anormalement élevé de femmes souffrant de fistules vaginales a été constaté, ce qui est généralement le résultant de viols collectifs. La nature endémique des viols dans ce conflit a contribué à la transmission des maladies sexuellement transmissibles, y compris le SIDA, dans la région.

Le nombre de morts résultant de la guerre est estimé à 3,3 millions de personnes jusqu’en 2002, nombre tiré d’enquêtes conduites par l’International Rescue Committee. La majorité de ces morts (80-90 %) résulte de maladies et de malnutrition, dont la cause est imputée aux carences des services de santé et de l’agriculture, et au déplacement des réfugiés. Le rapport 2004 de l’IRC estime en fait ce nombre de morts entre 3,4 et 4,4 millions, un écart résultant des imprécisions du modèle de simulation utilisé.

Au niveau médical, de nombreuses zones ne bénéficiaient pas de traitements contre le paludisme, et le SIDA s’est propagé avec les viols. Lors des accouchements, 1 femme sur 3 décédait , faute de soins. De simples maladies, comme l’appendicite, débouchaient sur la mort, faute de personnel médical.

Les autres effets incluent le déplacement d’environ 3,4 millions de personnes au sein de la RDC, ainsi que l’appauvrissement de centaines de milliers d’autres. La majorité des déplacés proviennent de l’est du pays. Près de 2 millions de personnes ont également été déplacées vers les contrées avoisinantes, le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda.

Récemment, certains ont redouté une troisième guerre du Congo.

Dans les faits, si la fin du conflit fut fixée à juin 2003, malheureusement, depuis cette date, des exactions contre les civils, et des faits de guerre continuent, dont de nombreux viols.

 

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