Les Congolais (République Démocratique du Congo) au Royaume-Uni
Population totale: 19510 nés Congolais (selon le recensement de 2011)
Région avec une population significative: le Grang Londres
Langues parlées: Français, Lingala, Anglais Britannique, Kikongo, Tshiluba et Swahili.
Religion: Catholique Romaine et Anglicane.
La Communauté Congolaise au Royaume-Uni est formée des immigrés venant de la République Démocratique du Congo (RDC) vivant au Royaume-Uni ainsi que leurs descendants nés Britanniques. L’appellation ‘‘Congolais’’ peut désigner aussi les personnes venant de la République du Congo, mais qui sont moins nombreuses.
Selon le recensement de 2001, 8569 Congolais de la RDC vivaient au Royaume-Uni. Au recensement de 2011, ils étaient 18913 RDCongolais comme résidants en Angleterre, 280 au Pays des Galles, 298 en Ecosse et 19 en Irlande du Nord.
La majorité des RDCongolais au Royaume-Uni sont venus comme réfugiés politiques. L’immigration des RDCongolais au Royaume-Uni est un phénomène nouveau qui a commencé vers la fin des années 1980s. La majorité des réfugiés RDCongolais est arrivée au Royaume-Uni au début des années 1990s. En référence aux données officielles un grand nombre des RDCongolais se trouvent en Belgique et en France.
Environ 11000 RDCongolais vivent à Londres avec un grand nombre se trouvant à Hackney, Edmonton, Tottenham, Newham, Barking & Dagenham où une communauté de 3000 personnes résident. En 2006, les leaders de la Communauté estimaient qu’il y aurait 30000 à 40000 RDCongolais au Raoyaume-Uni, mais l’Organisation Internationale de la Migration considère que ce n’est pas possible.
COMMISSION HERMAN NZEZA REMET LA COMMUNAUTE CONGOLAISE DU ROYAUME-UNI (CCUK) SUR SES RAILS
Il est d’usage qu’une commission, une loi, une motion porte le nom de son initiateur et/ou de son président. La commission de crise acceptée par la communauté congolaise du Royaume-Uni et coordonnée par Herman Nzeza vient de remettre la communauté sur ses rails. L’événement s’est passé samedi 17 mai 2008 dans la salle Chez Justin, lieu de toutes les rencontres communautaires, au quartier Tottenham, au nord de Londres, où une bonne centaine des congolais s’était réunie pour suivre et adopter le rapport, les solutions et les recommandations de la dite commission « Herman Nzeza ». Le président de la commission a bien voulu nous accorder cette interview que avons le plaisir de publier.
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Norbert X Mbu-Mputu : Pensez-vous que cette date du 17 mai 2008 restera mémorable pour les congolais du pays de Sa Majesté la Reine Elisabeth II ?
Herman NZEZA : J’ose croire avec toute modestie qu’elle marquera une étape importante car, depuis bientôt une année, c’est la première fois que la communauté se met assise pour dialoguer puis est arrivée à s’accorder sur la nouvelle marche à suivre par tous.
N.M.M. : Etiez-vous certain de ce succès ?
H.N. : Connaissant notre communauté, rien n’était acquis à l’avance. Mais, lorsqu’on sait que notre motion qui a conduit à la formation de cette commission de crise traduisait en fait un sentiment interne de la communauté, nous avions foi en elle et avions pensé qu’elle acceptera le travail ainsi nous confié. Car, pour rappel, c’est depuis le 30 juin 2006 qu’il y a eu une division au sein du comité élu du CCUK (ndlr. Congolese Community in the United Kingdom, la Communauté des Congolais du Royaume-Uni) . A la suite des malentendus ou de bonne communication, une partie de la communauté avait pensé que le comité dirigé alors par Monsieur Ackys Kituba avait été corrompu par les autorités de Kinshasa. Un autre comité avait été mis en place dirigé alors par le pasteur David Indanda. Les deux comités se regardaient alors comme chien et chat. Il fallait chercher à mettre fin à cette situation qui devenait une vraie distraction pour la communauté. Aussi, lors de la convocation de la communauté par le comité Ackys en date du 15 décembre 2007, j’avais initié une motion demandant à l’assemblée si elle acceptait de surseoir les deux comités et de mettre en place une commission de crise, chargé d’évaluer la situation, de convoquer la communauté et surtout de faire des propositions adéquates pour remettre la communauté sur les rails. Nous avons donc été élu à la tête de la dite commission de crise et après cinq mois des travaux, nous avons rendu notre rapport ce samedi 17 mai 2008.
N.M.M. : Cinq mois, c’est tout de même trop !
H.N. : Vous avez raison. Mais, la chose n’était pas facile. Il nous fallait d’abord nous mettre d’accord sur un agenda. Chose devenue difficile puisque deux membres du comité ont désisté pour des raisons personnelles, puis il nous fallait rencontrer presque tout le monde, prendre tous les avis et considérations. Nous sommes contents au moins d’une chose : toute la communauté voulait dans son for interne que les choses bougent et changent. Je dois donc rendre hommage à toute la communauté Congolaise, à tous ceux qui avaient accepté de nous rencontrer, aux autres que nous n’avions pu rencontrer faute de temps ou à cause d’autres impératifs ; puis je dois rendre hommage à tous les membres de la commission dont Bartos Ngoma ainsi que monsieur Ilingi. Puis, il faudra mentionner aussi toutes les autres initiatives qui entre-temps aussi étaient prises pour faire réussir ce travail. Je citerai celle prise par le Pasteur Dany Musumbu en convoquant toutes les têtes d’affiches de la communauté par deux fois dans l’enceinte de son église afin que nous puissions nous parler sincèrement, clairement et sans parti pris. Ces deux rencontres étaient très importantes. Remerciements donc au pasteur Dany pour les services rendus. Ceux qui étaient présents lors de ces deux rencontres témoigneront un jour.
N.M.M. : Venons-en aux conclusions de votre commission que vous avez présentées ce samedi 17 mai 2008.
H.N. : Comme vous l’avez suivi, nous avons d’abord expliqué le cadre général qui a occasionné que cette commission soit mise en place, nous avons formulé des résolutions, puis des recommandations pour le nouveau comité de CCUK qui sera mis en place. Mais, nous avons souhaité d’abord accorder la parole à toutes les personnes qui le souhaitaient. Hélas, l’assemblée étant souveraine, nous avons arrêté ces prises de paroles. Mais, nous pensons que cette prise de parole était importante pour permettre à la communauté de se défouler, de s’exprimer, de vider leurs sacs. Soit.
N.M.M. : Nous avons compris aussi que vous avez tout fait pour ne pas mordre l’appât lorsque nombreuses personnes ont posé à la commission des questions que je dirai piégées !
H.N. : Nous devrions gérer les frustrations, c’était très important. Je suis moi-même membre de la communauté. Je sais comment et pourquoi nombreuses réunions se sont terminées à queue de poissons. Il nous fallait des nerfs solides. Nous devrions ainsi chercher à éviter les procédures normales et classiques des réunions, éviter trop de motions, éviter à ce que lorsqu’une personne cite une seconde que celle-ci aussi puisse prendre la parole, éviter de sanctionner les uns et jeter les fleurs aux autres.
N.M.M. : Comment vous sentiez-vous lorsque votre table de travail a été renversée en pleine séance plénière et que votre cartable disparu, sentiez-vous que c’était encore une provocation de plus ?
H.N. : C’était un petit détail, mais comme les journalistes vous aimez les détails… Disons que c’est normal dans une assemblée aux gens avec des visions opposées et surtout avec toutes frustrations et désinformations, que certaines personnes réagissent de la sorte. Nous devrions rester sereins et ne pas perdre notre sang froid. Nous avions confiance en la communauté et savions que c’est elle-même qui nous a donné ce mandat-là, nous n’allions pas sortir de la salle sans qu’elle soit satisfaite de notre travail.
N.M.M. : Pourquoi aviez-vous évité et refusé de blanchir la commission Ackys accusée d’être collabos ou d’avoir détourné des fonds ?
H.N. : Comme je l’avais répondu à Richard Ntaka qui avait posé cette question : dans toutes nos investigations, nous n’avons trouvé aucune trace de ces allégations contre le comité Akys Kituba. Evitons tout simplement de nous y attarder. Peut-être que le nouveau comité qui sera mis en place pourra présenter des excuses, au nom de la communauté, à toutes les personnes offensées par cette affaire, comme d’autres membres de la communauté nous l’ont proposé pendant les concertations. Mais, cela dépend de la communauté qui est souveraine. Mais aussi Norbert nous n’avions pas voulu produire un rapport dans le sens de provoquer un débat entre les accusés et les accusateurs car nous pensions régler pas seulement les problèmes entre Ackys et Dave mais les problèmes de la communauté; problèmes plus grande que les deux précités. Mais plutôt encourager l’unicité dans la communauté ainsi que l’entente; quitte lors du débat que ceux qui avaient à dire puissent profiter courageusement du cadre pour faire leurs plaidoiries. Malheureusement ou heureusement la majorité dans la salle avait trouvé que cela n’était pas nécessaire. Donc même ceux qui accusaient les autres n’ont pas profité du cadre pour exhiber leurs preuves. Ce qui nous laisse avec une seule conclusion : toutes ces accusations n’étaient peut être pas fondées.
N.M.M. : Vos conclusions alors
H.N. : Nous avons proposé plusieurs scénarios, à la fin l’assemblée a opté que les deux comités soient dissous illico presto et qu’une commission électorale soit mise en place directement pour convoquer des élections dans un délai très proche. Nos recommandations serviront donc pour le nouveau comité qui sera élu prochainement.
N.M.M. : Et le politique, soit-il ne plus figurer dans les statuts de la Communauté ?
H.N. : Nous sommes nous-mêmes politiciens, président d’un parti politique, The « Congolese Revolutionary Front » ou bien, « Front Révolutionnaire Congolais » pour ceux qui aiment la langue de Molière, et comme politiciens nous disons que nous devons nous occuper de la politique si nous ne voulons pas que la politique s’occupe de nous. Mais nous pensons modestement que le comité de la communauté doit être comme une église au milieu du village. Voilà pourquoi nous avons proposé que les membres du nouveau comité à mettre en place ne puissent pas avoir des colorations politiques. Le comité peut prendre part aux activités politiques organisées par exemple par une commission, mais la communauté a d’autres impératifs : l’intégration des congolais du Royaume-Uni, nos enfants qui commencent à s’entretuer, etc… Laissons la politique aux politiques et aux politiciens…
N.M.M. : Pensez-vous que la communauté a raté la réconciliation ?
H.N. : Non, celle-ci a eu lieu… rappelez vous que lorsque l’assemblée a décidé à ce que ni le président Ackys ni le Pasteur Dave ainsi que les membres de leurs comités respectifs ne puissent être éligibles lors de prochaines élections; tout le monde a applaudi, même les concernés eux-mêmes. Chose qui auraient paru incroyable et impensable ! D’ailleurs j’avais suggéré à ce qu’ils puissent se saluer. Mais les gens n’ont pas pensé que s’était indispensable. Mais, nous avons recommandé aussi qu’il soit institué prochainement une vraie commission de crise pour arbitrer de telles crises dans l’avenir.
N.M.M. : L’actualité politique, puisque l’occasion faisant le larron, c’est l’arrestation de Jean-Pierre Bemba, avez-vous un commentaire là-dessus ?…
H.N. : Cher Norbert, l’arrestation de l’honorable Jean Pierre Bemba est une situation qui demande beaucoup de calme et d’impartialité. Il faudra attendre que nous ayons tous les éléments nécessaires. Ce que vous devez d’abord savoir est que JP Bemba avant d’être candidat aux élections présidentielles et voir même vice-président de la RDC était d’abord un chef rebelle. Donc lors de cette aventure qui l’a propulsé au sommet de l’état, il n’y a pas eu que de conquêtes de territoires, mais aussi des pertes des vies humaines. Que ça soit du coté militaire ou civil. Néanmoins JP Bemba a était aussi cité dans plusieurs dossiers d’ailleurs comme tant d’autres chefs de guerres qui sont déjà aux arrêts. Ensuite je pense que son arrestation aujourd’hui est une très bonne chose; d’abord pour JP Bemba lui-même mais aussi pour certaines victimes dont les morts et blessures ont été occasionnés par ses troupes. Pour Bemba il peut enfin profiter de cette situation pour blanchir son nom devant les cours et tribunaux dont l’impartialité peut être garantie à plus de 90%. Avec le salaire de plus de 200 miles dollars qu’il a touché pendant trois ans de transition et une indemnité de sorti qui continue à lui être verser une année après la transition, JP Bemba pourrait se procurer quelques plus grands avocats de cette planète pour se défendre et qui sait blanchir son nom! Le poste de porte parole de l’opposition dont se dispute le MLC aujourd’hui n’est pas une fin en soit, ils ont eu plus que ça, à savoir : la vice-présidence de la transition ainsi que la présidence du parlement de cette même transition. Les prochaines échéances seront mêmes plus importantes que le rôle qu’un soit disant porte parole de l’opposition aura à jouer. Quant à ceux qui ont été victimes des exactions dont sont accusées JP Bemba, je pense que si celles-ci seront prouvées, comme ont le dit dans le droit anglais « beyond reasonable doubt » , que Bemba est responsable, au moins la justice aura été faite pour ces victimes innocentes. C’est qui sera une très bonne chose car l’impunité, l’un des fléaux qui tue notre pays, doit cesser. Seulement nous ne voulions pas de justice à double vitesse. Bemba n’a pas travaillé seul dans le MLC et n’était pas le seul chef rebelle dans la RDC et nous espérons que la liste n’est pas exhaustive. Que cette situation nous donne tous acteurs politiques, militaires matière à réflexion. Qu’il n’y aura plus d’impunité sous les cieux. Si nos justices locales ne feront rien pour rendre justice, la justice internationale la rendra pour les innocents. Donc que ceux qui envoient les forces de l’ordre tuer par ci par la sans autres forme de procès, doivent revoir leurs habitudes et leurs attitudes. Et je profiterais de demander à notre peuple de n’est pas paniquer et de garder son sang froid. Certes, il existe trop de questions sans réponses : pourquoi avoir commencé par Bemba et non pas par Ange-Félix Patassé qu’il était allé seconder ? Pourquoi ne pas commencer par arrêter les autres chefs de guerre en activités actuels plutôt que Bemba ? Le FIDH et les autres associations des droits humains, s’essoufflent-ils en ci bon chemins lorsqu’il s’agit des massacres congolais, des tueries, de la ville de Kisangani par exemple martyrisés par des armées étrangères ? Existe-t-il une logique de deux poids et deux mesures dans le chef des décideurs mondiaux ?… Et si Bemba avaient été élu chef de l’Etat congolais ?… Du coup, doit-on pensé alors que les élections ont été taillées sur mesure pour éviter à Bemba la présidence et l’envoyer à l’échafaud ?… Pourquoi l’avoir arrêté en Belgique et en ces moments des relations difficiles entre Kinshasa et Bruxelles ?… Autant de questions sans réponses, surtout en jetant un coup d’œil sur tout l’environnement géopolitique de l’Afrique Centrale, la difficile équation congolaise… Nous restons cependant confiant en la justice internationale et confiant que le sénateur Jean-Pierre Bemba continuera à jouir de ses droits. Suivons la situation avec trop d’attention et sachons que Jean-Pierre Bemba bénéficie de sa présomption d’innocence.
N.M.M. : Un mot tout de même avant de nous séparer…
H.N. : merci une fois de plus Norbert pour nous avoir donné l’occasion de faire cette petite restitution. Nous en profitons pour remercier tout ceux qui étaient venu lors de cette assemblée générale et souhaitons un bon succès à la commission électorale. Nous tenons à leur dire que nous sommes disposé à leurs apporter notre assistance en cas de besoin. Quant à la communauté elle-même, nous ne pouvions pas satisfaire les attentes de tout le monde mais ce qui a été fait n’est qu’un départ et que les gens ne se découragent pas. Nous allons tous nous retrouver une fois de plus lors du vote du coordonnateur de notre communauté.
26/05/2008
Propos recueillis par Norbert X MBU-MPUTU
norbertmbu@yahoo.fr
Congo Vision, United Kingdom